Chèr·e·s Collègues,

Nous n'avons pas pour habitude de répondre aux tracts des autres syndicats, mais cette fois-ci la ficelle est trop grosse, lorsque nous lisons le constat d'impuissance de la CFDT dans son dernier communiqué :

''"Un syndicalisme d’antan vieux de plus de 50 ans ! Une époque où les ouvriers pouvaient se mobiliser de longues semaines même pour une cause qui n’était pas la leur. Un temps où les fins de mois ne commençaient pas le 5 du mois, un temps ou l’inflation galopante ne venait pas miner leur pouvoir d’achat, un temps ou partir en vacances ne se faisait pas à crédit, un temps ou nos enfants salariés pouvaient vivre en toute autonomie sans l’aide de leurs parents ou même grands-parents ! Nous pourrions écrire des dizaines de pages sur ce qui a changé depuis ces temps-là !" ''

Nous sommes abasourdis par l’empressement de la CFDT à normaliser son impuissance, à regarder passer les mesures de « casse sociale » comme on regarde passer les trains, et considérer cela comme étant dans l'ordre naturel des choses !

C'est bien parce que des syndicats dits réformistes (ou d'accompagnement des directions telle que la CFDT), sont majoritaires depuis une décennie dans les entreprises privées, qu'il n'y a plus aucun contrepouvoir, et que les directions ont vite compris qu’un « simulacre de négociation » leur permettait d’imposer leur vision de l’entreprise, avec pour conséquence la précarité économique et sociale des salariés et l'enrichissement du capital et des dirigeants.

Et lorsque nous lisons :

"Nous sommes pour et nous revendiquons un syndicalisme moderne et réformiste, tourné vers l’avenir et résolument pour le dialogue et la négociation. Nous ne sommes pas une entreprise publique. Nous, comme la direction, n’avons aucun intérêt à mettre à l’arrêt notre outil de production. Nous sommes tous assis sur la même branche, si l’entreprise chute, nous chutons avec ! Personne ne viendra compenser nos pertes !"

Nous constatons que le discours de la CFDT est calqué sur celui du MEDEF qui consiste à culpabiliser les syndicats qui engagent un rapport de force pour obtenir des avancées sociales ou plutôt éviter des régressions sociales. Ce discours de peur et moralisateur montre bien que la CFDT ne défend vos intérêts que s’ils ne vont pas à l’encontre de ceux de la direction.

Il est d’ailleurs cocasse de se remémorer que les deux délégués syndicaux de la CFDT de COMPUTACENTER ont appartenu à SOLIDAIRES pendant de nombreuses années avant de changer de casquette. Étaient-ils dans la lutte, l’anticapitalisme et l’autogestion qui caractérisent les valeurs de SOLIDAIRES ? On peut en douter ! C’est d’ailleurs leur proximité avec la direction et leur manque d’esprit démocratique qui leur ont valu d’être dé-mandatés par le syndicat SOLIDAIRES, d’où leur absence aux négociations annuelles 2022.

Un peu de philosophie

L’idée du réformisme au pays des « Bisounours » repose sur une hypothèse selon laquelle, les salariés et employeurs seraient des partenaires associés dans le processus de production. Ils partageraient un intérêt commun, la bonne santé de l’entreprise, et n’auraient qu’à discuter paisiblement des modalités du partage inéquitable de la richesse produite.

En réalité, employeurs et salariés occupent des positions inégales et antagonistes. Tout d’abord, le contrat de travail se caractérise par un lien de subordination : les seconds sont soumis aux décisions des premiers. Ensuite, la recherche du profit n’est pas compatible avec l’accroissement des salaires, le maintien de l’emploi et l’amélioration des conditions de travail, bien au contraire. Puisque le dialogue s’engage sur des bases inégales, le conflit ne l’entrave pas, il le rend au contraire possible.

il n'y a aucun oubli ni désinformation volontaire dans nos communications

Pour rétablir les faits et la réalité, il n'y a aucun oubli ni désinformation volontaire dans nos communications, puisque si les accords CCNS sont mieux disant que ceux de CCFR (même la CFTC le reconnait dans une de ses dernières publications), les décisions unilatérales de l'employeur de CCNS le sont également. Ce n'est ni un hasard, ni un acte de philanthropie de la part d'une DRH, mais bien dû à la pugnacité des organisations syndicales tels que la CGT et SOLIDAIRES qui n’entendent pas se faire dicter des décisions régressives, n'en déplaise à la CFDT.

Enfin si lors des NAO CCNS nous avons milité pour une augmentation en EUROS plutôt qu’en pourcentage, c’est une mesure sociale qui, à enveloppe égale, permet aux bas salaires de préserver un pouvoir d’achat fragile en période de forte inflation. Cela s’appelle l’équité et fait aussi partie de nos valeurs.

Cette réponse faite, nous considérons le débat comme clos, et concentrons nos efforts pour vous représenter dignement et défendre vos intérêts.

La CGT et Solidaires vous présentent leurs meilleurs vœux. Que cette année 2024 soit l’année du pouvoir d’achat retrouvé, des conditions de travail apaisées, et des avancées sociales négociées !