Bonjour à toutes et tous,

Lorsqu'une pensée unique, libérale et donc pro patronale gangrène les instances par l'entremise de certains syndicats ... pour les derniers résistants à cette marche forcée, la lutte se complique.

Lors des dernières élections, et au moment de désigner les membres des différentes commissions, nous avions déjà évoqué la mainmise de la coalition CGC CFTC FO sur les instances représentative du personnel (ce qui nous avait obligé moralement à démissionner des postes "d'adjoint-alibis" qu'ils nous avaient laissé).

Maintenant qu'il s'agit d'aider la direction à promouvoir la vente de BT Services à Computacenter, qualifiée de "bonne vente" par le secrétaire du CSE, et donc d'empêcher toute voix discordante syndicale venant de Solidaires ou de la CGT la gestion des moyens octroyés aux membres des instances se fait de plus en plus totalitaire, pour preuves :

  • Tout a été fait (retard d'information, empêchements techniques divers, accord de méthode ... ) pour qu'il ne nous soit pas possible d'aller en justice.
  • Les expertises en cours, aussi bien économiques que sociales, ne laissent (hormis pour le secrétaire du CSE et ses amis) transparaitre aucune information de nature à pouvoir vous informer, nous insurger, et exiger la vérité de la part des directions de BT et Computacenter.

Nous ne connaitrons les conclusions de ces expertise qu'à la veille de rendre un avis, lorsqu'il sera trop tard. C'est ce qui nous arrive, dans le dernier rapport social sur la vente avancé par Technologia :

"La communication des organisations syndicales n'a pas toujours été accompagnée des explications suffisantes et nécessaires pour rassurer les salariés ni améliorer la compréhension du projet. Par exemple la diffusion de l'information du prix de cession à un euro a-t-elle perturbé les salariés. Cette information a accentué chez les salariés un sentiment de dévalorisation "on ne vaut pas grand-chose". La communication syndicale n'a pas permis d'alimenter un processus de réassurance pour les salariés, ni d'améliorer la compréhension du projet."

À les lire, les organisations syndicales dévoilant les vérités cachées par la direction portent donc l'entière responsabilité de l'inquiétude que certain(e)s salarié(e)s pourraient avoir en ce moment (même si cela n'est pas du tout notre retour des salarié(e)s...). Balayées les angoisses du virus et celles de devoir travailler dans des conditions risquées avec une vente à la clé, les syndicalistes irresponsables de Solidaires et de la CGT vont vous déprimer gravement en vous révélant ce que la direction voulait faire en silence pour votre bien et vous éviter l'inquiétude !!

Ces "experts" auraient peut-être dû nous expliquer quelles informations étaient "nécessaires et suffisantes pour rassurer les salarié(e)s" face au mutisme de la direction et au consentement affiché des autres OS. Pas sûrs que nous partagions leurs analyses syndicales....Il est un temps ancien où l'on tuait les messagers porteurs de mauvaises nouvelles mais qui pourtant traduisaient la réalité, cela y ressemble beaucoup....

  • Par ailleurs, l'accès aux avocats du CSE pour vérifier certains points de droit quant aux obligations du cessionnaire, dans le contexte d'une vente à prix de cession négatif, nous a été refusé par un de ces avocats choisis par la coalition CGC CFTC FO et inféodés à son tout puissant secrétaire.
  • L'élection de 3 membres du CSE au comité de suivi des transferts volontaires aurait pu se faire, comme nous l'avions demandé, à la proportionnelle. D'autorité, en accord entre la direction et la coalition CGC CFTC FO, elle a eu lieu à scrutin majoritaire, ce qui nous a, de fait, exclus de la dite commission, composée donc maintenant exclusivement d'élus CGC CFTC FO ... encore une belle leçon de démocratie!

Dans ce contexte détestable, que nous reste-t-il ?

Lorsqu'il s'agit de défendre vos intérêts, vos emplois et votre santé au travail, nos armes sont : une grande pugnacité, une analyse syndicale, et une plume acerbe. Nous ne vous avons, ni ne vous servirons jamais la soupe de nos dirigeants et de ceux de Computacenter comme a pu le faire FO dans sa dernière communication; nous posons les questions, parfois anodines, parfois embarrassantes, qui nous permettent d'analyser au travers des réponses la politique sociale de Computacenter. Nous partageons avec vous ces analyses sans aucune langue de bois.

En voici quelques morceaux choisis recueillis lors du CSE du 19 mai 2020:

La question de Solidaires : Nous avons compris que Computacenter s'engageait à ne pas licencier économiquement les salariés de BT Services jusqu'en Juin 2022, et qu'il n'était a priori pas question de fusionner Computacenter et BT Services. Afin de s'assurer qu'il n'y ait pas une vague massive de licenciements en fin de période de "grâce" avant une éventuelle fusion que vous n'envisagez pas maintenant, pouvez-vous vous engager à ne pas fusionner ? si oui jusqu'à quand ?

La réponse de Computacenter : Le rapprochement de structures ça a du sens mais il n'y a pas de fusion prévue, si fusion future on y réfléchira. Il n'y a pas de mobilité d'une structure à l'autre possible pour un même poste, mais il sera possible de postuler dans les 2 structures pour une évolution de carrière.

L'analyse de Solidaires : Computacenter souhaite mutualiser les moyens des 2 structures dans une logique purement comptable, mais préfère isoler BT Services dans une structure indépendante le temps d'en évaluer la rentabilité, elle se réserve le droit de "siphonner" les meilleurs éléments de BT Services par le biais d'évolutions de carrière vers la maison mère, et réfléchira à l'opportunité d'une fusion (ou d'une séparation) lorsque les 22M€ donnés généreusement par BT seront consommés.

La suite de la réponse de Computacenter : Il n'y aura pas de garantie d'emploi pour les salarié(e)s prévus pour passer chez BT France qui souhaiteraient rester chez BT Services, leur place est là où on en a besoin. Pour ceux de BT Services qui ne voudraient pas passer chez Computacenter, c'est leur choix de gérer leur carrière comme ils l'entendent, ce n'est pas à Computacenter de faire des plans pour les gens qui ne veulent pas venir.

L'analyse de Solidaires : Le transfert "volontaire" des salarié(e)s de BT Service vers BT France n'a rien de volontaire, soit ces salarié(e)s acceptent le transfert sans aucune négociation possible vers BT France, soit ils resteront (très peu de temps) dans la filiale de Computacenter, où ils n'auront aucune garantie d'emploi car ils n'y sont pas les bienvenus. Pour les salariés de BT Services qui ne souhaitent pas suivre, qu'ils ne comptent pas sur une rupture conventionnelle individuelle, seule la démission sans indemnité sera acceptée.

La question de Solidaires : De même si vous vous engagez à ne pas licencier économiquement jusqu'en Juin 2022, pouvez-vous vous engager à ne pas revendre une partie des équipes de BT Services ? Si oui jusqu'à quelle date ?

La réponse de Computacenter : Computacenter n'a jamais revendu une activité acquise. ++ L'analyse de Solidaires++ : La réponse est claire, mais reste à vérifier, nous resterons vigilants.

La question de Solidaires : Les salariés de BT Services restent par usage dans la région où ils ont été embauchés, ou dans celle qu'ils ont choisi pour des raisons familiales de rejoindre. Pouvez nous certifier que cet usage perdurera, et qu'il ne sera pas procédé à des mutations non désirées inter-régionales ?

La réponse de Computacenter : Il n'y a pas d'intérêt à chercher des missions ailleurs, mais si il n'y a pas d'activité sur la région dans la durée (quelle durée ?, pas de réponse) pour le collaborateur, Computacenter sera bien obligé de lui chercher une mission de courte ou longue durée ailleurs car c'est une obligation légale de fournir du travail aux salariés.

L'analyse de Solidaires : Attention les salarié(e)s en région qui sont (ou qui seront) en inter-contrat ne sont pas à l'abri d'une délocalisation forcée. Pour les plus ancien(ne)s, nous leur conseillons de bien vérifier la mobilité géographique mentionnée sur leur contrat de travail.

La question de Solidaires : Vous parlez beaucoup de formations, et notamment de formations avec certifications. Comment se déroulent-elles? les salariés sont-ils conviés dans un centre de formation (avec un formateur) ou sont-ils livrés à eux-mêmes en auto-formation ? L'obtention (ou non) de la certification a-t-elle une incidence sur l'emploi du salarié ?

La réponse de Computacenter : Les formations s'effectuent en organisme, en présentiel et en autoformation, tout dépend de ce qui est proposé par le fournisseur. Mieux vaut obtenir la certification, mais ne pas l'avoir n'a pas d'incidence sur sa carrière si le salarié est compétent.

L'analyse de Solidaires : Sachant qu'il n'est pas simple pour certains d'entre nous de "retourner à l'école" après en avoir quitté les bancs depuis de nombreuses années, mieux vaut être compétent(e) dans un domaine où le client n'exige pas de certification. Dans le cas où votre compétence serait mise en doute, ne restez pas seul(e), et venez nous en parler.

La question de Solidaires : Que se cache-t-il derrière votre slogan "Winning Together" ? Qu'est-ce que cela implique dans le quotidien des salariés ? A quoi sont-ils soumis pour adhérer et respecter ces valeurs ?

La réponse de Computacenter : Le DG de Computacenter n'aime pas le mot "soumis", chacun est libre de ses choix de carrière. Il y a un projet d'accueil autour des valeurs (vous serez conviés à un "welcome breakfast»). Les valeurs de Computacenter s'articulent autour du savoir-être, savoir-faire, de la mise en avant de nos clients et de l'organisation, il faut être agile, flexible, tenir ses promesses, il y a ce que l'on fait et ce que l'on ne fait pas. Computacenter prône la méritocratie et le fort engagement du collaborateur. Le non-respect des valeurs vaut une convocation hiérarchique avec recadrage.

L'analyse de Solidaires : Encore une fois, le message est clair : "on se soumet ou on se démet". Nous espérons ne pas avoir à traduire "welcome breakfast" par "petit déjeuner d'endoctrinement". Nous attirons votre attention sur le fait qu'au nom de valeurs, l'employeur ne peut déroger au code du travail, convention collective et accords d'entreprise, ni bien évidemment sur tous les droits civiques. Agilité, flexibilité et fort engagement ne veulent pas dire faire n'importe quoi n'importe quand avec n'importe quels moyens, restons vigilants.

Nous sommes désolés de ne pas pouvoir partager l’optimisme débordant des directions de BT, Computacenter, de leurs actionnaires sans doute et des OS CGC-CFTC-FO de BT Services, car il n'est pas question pour nous de pratiquer la méthode Coué en nous persuadant collectivement que notre avenir est au pays des licornes pailletées que l'on nous présente. Nous pensons qu’un salarié averti, défendu … et pourquoi pas syndiqué … en vaut deux car c'est ensemble avec lucidité et ténacité que nous pourrons faire au mieux !