Auto-formation (Linkedin &co) … du virtuel à moindre coût

Peu avant la vente, il nous avait été annoncé en CSE que, sur les 22M€ donnés par BT à Computacenter, 6M€ (2M€ par an / 3 ans) seraient consacrés à la formation… mais maintenant la direction de CCNS ne parle plus en millions mais en jours (10000 jours / 36 mois) tout en précisant que « le montant variera en fonction de leur capacité à optimiser les dépenses en négociant avec les organismes ». Elle nous a également révélé que, pour elle, 70% de l’apprentissage se ferait au travers de l’auto-formation (seulement 20% au travers de coaching et 10% avec la présence d’un formateur). Nous comprenons donc que cet engouement pour l’autoformation n’est dû qu’à une logique comptable.

Pour Solidaires, les outils d’autoformation proposés, uniquement théoriques, ne répondent pas aux exigences de compétences qu’attendent nos clients. En effet, ces formations ne proposent ni formateur dédié à qui poser des questions, ni environnement technique permettant de s’entrainer lors de travaux pratiques (par exemple pour une formation Cisco le salarié ne dispose pas d’un routeur pour s’entrainer à le brancher et à le configurer). Ils ne répondent pas non plus à un équilibre mental du salarié qui doit avaler, seul, autoformation sur autoformation et en rendre compte à son supérieur hiérarchique.

Solidaires a demandé à ce que le vote d’une expertise sur les outils d’auto-formation et leurs conséquences sur la santé mentale des salariés soit porté à l’ordre du jour du CSE, la direction s’y est, jusqu'à présent, catégoriquement opposé !

Auto-promotion (DECIDALO): un gros CV mais pas que !

Décidalo exige que chaque salarié CCNS (tout du moins ceux vendables en clientèle) rentre et mette à jour, sous peine de sanctions, tous les éléments qui constitueront son CV par le biais de menus déroulants, dont les seuls choix possibles sont définis par la direction. Nul n’a la possibilité de sortir du moule, et les managers ont la possibilité de modifier les données vous concernant.

Quel est l’objectif d’une telle rigidité ?

Décidalo, c’est aussi un puissant moteur de recherche, permettant à l’employeur, sans considération humaine, de vendre au client le morceau de viande qu’il a commandé. Mr le client : « Bonjour, je voudrais un beau technicien dans le Microsoft et un chef de projet à faire mijoter ». CCNS : « ne bougez-pas, je vais voir ce que Décidalo a en réserve… Vous avez de la chance j’ai du Microsoft en promo ; en revanche pour faire mijoter, je n’ai que du Bac +5 c’est plus cher, j’vous l’mets quand même ? ».

RGPD oblige, Solidaires a demandé l’exhaustivité des informations personnelles collectées par l’outil ainsi que l’endroit de leurs stockage : si nous n’avons eu aucune réponse quant au contenu, nous savons que nos données s’enfuient … en Allemagne.

Auto-satisfaction ? Auto-flagellation ? (Futur Focus)

Futur-Focus c'est d’abord l’outil pour s'auto-évaluer, c'est à dire soit :

• Se sous-évaluer, avec une mauvaise image de soi même, dramatique sur le plan psychologique, mais qu'aucun manager ne va contredire puisque cela permet de justifier l'absence d'augmentation voire une séparation à l'amiable. • Se surévaluer, avec une probable désillusion qu'un manager ne manquera pas de provoquer en vous rappelant à sa réalité, et à sa vision de votre travail.

Futur-Focus c'est également se donner des "auto objectifs", qui doivent être en adéquation avec ceux de l'entreprise. C'est, d'une certaine manière, s'infliger des objectifs et des taches non souhaitées dans l'espoir de paraitre perspicace face à sa hiérarchie.

Mais Futur-Focus avec "mes feedback" (ce que les autres pensent de moi) est aussi un moyen soit de participer, soit de s'exposer (tout dépend de quel côté on se place) à la meute. Meute qui juge, à l'instar de ce qui se pratique sur les réseaux sociaux, sans savoir, et sur des critères émotionnels, non professionnels et encore moins objectifs.

Vous en voulez encore ? Futur-Focus vous gâte ! Puisque Futur-Focus permet avec "mon bien-être" de s'auto-dénoncer, de manière nominative, pour son mal être au travail, éventuellement sa situation psychologique fragile, ou de cacher ses souffrances en cochant la case "tout va bien".

BRAVO, la vie du village Computa, n'a pas encore livrée tous ses secrets, trésors et, sans doute, travers.....

La liste de ces logiciels supplantant les rencontres ne fera sans doute que s'allonger si l'on comprend bien que cette autonomie d'apparence, dont nous pourrions avoir envie de nous réjouir, n'est en fait qu'un désistement de l'employeur de ces fonctions fondamentales quant à sa responsabilité primordiale : suivre et accompagner en direct, et au plus adapté, le développement des compétences des salariés, ainsi que leur formalisation et le contentement ou non des personnes impliquées elles-mêmes.

Nous avons fait savoir à la direction que cette vision de "l'accompagnement" du salarié est pour nous de la "non-assistance à compétence en danger". En effet, ceci reviendra à terme au formatage uniquement basé sur les soi-disant demandes du marché (rappelons-nous que BT avait souvent mal appréhendé celui-ci et que beaucoup de personnels sont restés au bord de la route...) sans jamais tenir compte de la réalité des personnes. Le meilleur des mondes.

De façon plus générale, vous êtes-vous rendu compte que Computacenter s’immisce de manière insidieuse dans ce qui relève de notre vie privée, en nous disant, comme il était d'usage chez les employeurs paternalistes du 19eme siècle, ce qui est bien ou mal, ce que nous devons faire ou ne pas faire, partout, tout le temps. Prenons quelques exemples :

• Nous avons reçu un mail nous incitant à une éco-conduite, nous détaillant ce que nous devons faire ou ne pas faire sur la route, (sans préciser que cette consigne devrait être exclusivement réservée à la conduite des véhicules de services dans un cadre professionnel) dans notre conduite de tous les jours à titre privé. • Si vous avez suivi les formations dites "obligatoires" vous avez du remarquer que Computacenter nous dicte notre comportement sur les réseaux sociaux (ce qui peut être compréhensible si et seulement si nous mentionnons "travaille chez Computacenter" ou nommons explicitement notre employeur) dans nos interactions quotidiennes avec nos amis ou groupes de discussion. • Régulièrement vous recevez des play-list conseillées par une source officielle Computacenter, on nous propose même de rejoindre le "CC Music Chanel". • Pour enfoncer le clou, relisez le mail de la direction nous présentant l'outil Bravo qui commence par "Nous sommes ravis que vous ayez rejoint la famille Computacenter". Cette phrase est lourde de sous-entendus, elle évoque l'arrivée du petit dernier dans une sphère familiale placée sous l'autorité d'un père de famille.

Toutes ces recommandations "bienveillantes" ne nous permettent plus d'avoir notre propre jugement moral sur ce que nous devons faire ou ne pas faire, et à chaque instant de notre vie privée nous n'avons plus de déconnection intellectuelle vis à vis de ce qui ne devrait être qu'un contrat "travail contre salaire", il faut conduire Computacenter, interagir avec nos amis de façon corporate Computacenter, se divertir Computacenter ... à quand des conseils diététiques et des menus recommandés par Computacenter? et éventuellement les remontrances de "papa Computacenter" ?

Vous allez peut-être penser, ou nous écrire, que cela est bien accessoire, qu'il suffit de ne pas y prêter attention, ou que cela n'est que du bon sens, ce n'est pas faux, mais cela s'ajoute aux pressions psychologiques déjà existantes de la part des gouvernements, des média et des GAFAM qui jugent pour nous ce qui est "vrai ou fake", qui nous informent via notre smartphone sur notre "bien être numérique", qui nous masquent les publications qu'ils jugent contraires à leur morale, qui nous culpabilisent au travers d'une écologie purement punitive et sans aucune analyse pertinente.

Prenons conscience que pour vivre en harmonie avec nous même, nous devons reprendre le contrôle de notre jugement et de notre libre arbitre, que notre manière d'être ou de penser dans un cadre privé, qu'elle soit morale pour nous même ou immorale pour d'autres, ne doit pas être dictée (à l'exception des lois), ni même suggérée, par une quelconque entité extérieure à notre propre foyer ? Pensons-y ! Parlons-en !